Bertand Vidal est un sociologue qui s’est spécialisé dans l’étude de l’imaginaire et du survivalisme, depuis plus de 5 ans. En étudiant ce courant et ses pratiquants, il a réussi à mieux cerner qui étaient les survivalistes actuels et surtout pourquoi ils s’employaient à apprendre des techniques et des astuces de survie dans un monde moderne occidental qui semble pourtant assez solide.
La peur VS la société
Quand on pense Survie, on pense immédiatement aux films catastrophes et à la fin du monde. On imagine alors des hommes et des femmes préparés à survivre en condition extrême, au cas où des extraterrestres arriveraient, ou que la nature déciderait subitement de se venger de l’homme en devenant incontrôlable. C’est en partie à cause du traitement médiatique qui a été fait en décembre 2012 que cette image erronée reste ancrée dans nos esprits.
Mais comme le dit Bertand Vidal, quand on s’intéresse à leur mode de vie, à leur pensée et à leurs pratiques, on est loin de ce cliché du cinglé surarmé. Le survivaliste guerrier ou l’illuminé ne représente qu’une infime partie des pratiquants. D’ailleurs, certains courants préfèrent les appellations preppers ou néo-survivalistes afin de se démarquer de membres originels aux idées parfois xénophobes.
Ce qui ressort des études de M. Vidal, c’est que le survivaliste a envie d’être prêt en cas de Rupture avec la normalité. Et cela ne signifie pas forcément la fin de monde ou l’apocalypse ! Il peut s’agir d’un problème mécanique qui vous oblige à passer la nuit au bord d’une route, sans téléphone portable, d’un incident climatique qui fait que vous vous retrouverez bloqué en forêt sans matériel, d’un imprévu auquel il souhaiterait faire face pour ne pas perdre en confort.
Certains en ont fait un style de vie à part entière. Pourtant, comme le fait remarquer l’expert dans ce domaine, il y a une part de fantasmes dans cette pratique, en provenance autant des individus eux-mêmes que de la société dans laquelle nous vivons.
Le Survivalisme, un style de vie salvateur ?
Bertand Vidal cite notamment un couple qui se teste en se mettant dans des situations de survies. Ils veulent être prêts, au cas où… A chaque instant, les réflexes de la survie sont donc mis en pratique et cela finit par devenir une seconde nature. Il y a donc une réelle volonté de briser une routine quotidienne, que l’expert explique ainsi :
« Il y a la volonté de s’extraire de la prévisibilité de son quotidien, donc de réaffirmer son identité, à travers la posture survivaliste ».
C’est donc, pour ses nouveaux pratiquants, une façon de se placer contre la société moderne. On accuse en effet cette société (qui comprend les politiques, les banques, les entreprises…) de tous les maux. C’est l’ennemi, en opposition à la nature salvatrice. C’est d’ailleurs le fer de lance de nombreux mouvements altermondialiste qui prônent un retour à la terre. Il faut réapprendre à trouver sa propre nourriture, à la cultiver, à subvenir à ses propres besoins. L’idée derrière tout cela est que le monde moderne tel qu’on le connaît, est, à plus ou moins long terme, condamné à disparaitre ou à changer de façon drastique.
Ce jour-là, il faudra donc être prêt. Et ceux qui ont fait du survivalisme un véritable lifestyle, en lisant des ouvrages consacrés à la pratique, en fréquentant les salons dédiés au survivalisme ou en participants aux stages de survie organisés auront donc une longueur d’avance.